Tous mes thèmes mythologiques ont ce mandat expressif : ils sont des synthèses de tensions opposées, de dimensions éloignées, et aussi de codes artistiques historiquement éloignés. Ils sont des explications globales de ce qu'il serait long et peut-être impossible de signifier autrement, parce qu'il s'agit de l'univers entier. Le recours au mythe n'est ni un classicisme, ni une manière, ni une dérobade intemporelle : c'est être aussi ancien que les anciens devant le cosmos (pour les anciens, le récit mythique n'est qu'un moyen d'expression), mais l'être dans le présent. Même dans le présent le plus infime, le plus quotidien de notre vie. La figure qui surgit du chaos matériel et qui, à travers le signe, est capable de donner de l'ordre au flux du discours est capable de créer une grille de composition à l'intérieur d'un seul plan pictural où la réalité n'est pas celle de l'objet ou du sujet dans l'espace mais celle de l'espace pictural dans lequel vit le sujet qui a déterminé l'ordre. Cette récupération de la réalité s'est faite à travers le mythe, c'est là que j'ai redécouvert la primordialité des langues et des émotions.