Myriam Feuilloley déchire le voile des apparences, pour nous mettre dans un état de « Réelle Présence », selon la formule de Georges Steiner, présence au monde et à nous même. Elle est une artiste de l’illusion par le jeu des métamorphoses et des anamorphoses qui nous montre ses personnages pour ce qu’ils veulent dire, et non plus pour ce qu’ils sont. Elle nous trompe à coup sûr par une technique digne des maîtres flamands, dans le réalisme de ses paysages qui en fait des théâtres magiques. Surréaliste comme Salvador Dali, dont elle partage la précision du trait, son message intrigue et interpelle avant de trouver son chemin dans l’âme de son public. Nul n’échappe à l’éloquence des regards de ses corps épurés. Ses œuvres ont la spontanéité d’un croquis pris sur le vif, la fraîcheur d’un lambeau d’écharpe d’Iris. Un rythme suspendu anime ses compositions, dont le regard se plait à suivre les enchaînements et que l’on s’attend à voir danser. L’humour et le décalage s’allient souvent à une inspiration spirituelle, qui n’est pas sans rappeler les visions de William Blake. Alliant légèreté et puissance, Myriam Feuilloley symbolise la tendresse des valleuses enchâssées dans les falaises de son pays de Caux natal. Jean-Alain JUTTEAU