Américaine de naissance et de cœur, tout depuis ma naissance : la ségrégation, le ghetto noir de South Chicago où je vivais, le mouvement des « Black Panthers » fortement implanté dans mon quartier, le confinement de ma carrière exclusivement au milieu noir et jusqu'à le souvenir familial qui s'est arrêté à mon arrière-grand-mère, esclave dans le sud des États-Unis, m'a rappelé mon statut d'afro-américain et l'ignorance de mes racines.
Depuis, mon travail est inconsciemment dicté par une recherche de la noirceur et des visages, en quelque sorte ma signature : grosses lèvres, cheveux crépus, références imaginaires à des scènes tribales, visages cachés dans les corps - aussi bien en peinture qu'en sculpture ou en photos, recherche sur la lumière et le rendu de la matière dans l'obscurité. Pendant des années j'ai travaillé dans l'isolement, à mes yeux ce n'était qu'un passe-temps (auquel je consacrais 12 à 20 heures par jour) sans aucune intention commerciale, un exutoire qui bloquait toute autre possibilité de création artistique (danse, comédie, maquillage). .. Chaque œuvre est née d'un besoin irrépressible d'exprimer ce que j'ai en moi. C'est une expression totalement personnelle qui se moque des courants artistiques, des modes mercantiles et des besoins physiologiques (dormir, manger…), une sorte de transe, de possession libératrice.